« Plus d’intelligence artificielle dans notre R&D »
Face au Covid-19, Redex Group, acteur de référence mondiale dans l’industrie de haute précision, réagit en modulant l’angle d’attaque de sa R&D.
Les machines-outils, la métallurgie et la sidérurgie sont son univers. Lauréate du palmarès Women Equity 2019, Sylvie Bernard-Grandjean est à la tête d’une PME familiale spécialisée dans la conception et fabrication de solutions de haute technologie pour des industries de haute précision.
Implanté dans le Loiret à Ferrières-en-Gâtinais, Redex Group est expert en systèmes d’entraînement pour machine-outil, en laminoirs de fils de précision et en équipements pour la production de bande métal.
Partenaire de référence mondiale pour les équipements industriels à haute valeur ajoutée, Redex Group réalise entre 80 et 90 % de son chiffre d’affaires à l’export.
Forte d’une implantation sur pratiquement tous les continents, avec des sites en France, en Allemagne et en Chine, Sylvie Bernard-Grandjean a pu anticiper sur la crise sanitaire et prendre toutes les mesures socio-économiques nécessaires pour garder ses unités de production européennes ouvertes.
Internationale par essence
Dans un marché très international par essence, la PME familiale a été très exposée aux arrêts économiques mondiaux, mais elle a su tirer profit d’une conjoncture contrainte pour stimuler le dialogue social et l’engagement autour du projet de l’entreprise, et repenser sa R&D.
Sylvie Bernard-Grandjean : « Nos bureaux d’études étudient de nouvelles manières d’interagir avec nos clients. Notre métier est de leur apporter des solutions techniques très haut de gamme, ce qui veut dire les accompagner de la conception à l’utilisation de nos solutions, donc avoir des échanges très fréquents.
Les déplacements multiples, l’envoi de nos techniciens sur place au fin fond des Philippines ou du Mexique ne sont plus possibles. Aujourd’hui, on essaie de voir avec nos équipes locales, si on ne peut travailler davantage avec des outils numériques d’aide à la décision.
Notre R&D se tourne vers plus d’intelligence artificielle. »
L’attractivité des territoires
A la question de fond portant sur la capacité de notre économie à encaisser de futurs chocs systémiques, et face au florilège de bonnes intentions qui s’expriment sur la nécessaire réindustrialisation de la France et développement des circuits courts, Sylvie Bernard Grandjean insiste sur la globalité de la réflexion qui doit animer les pouvoirs publics : favoriser la compétitivité mondiale des champions nationaux et l’attractivité des territoires sur lesquels ils sont susceptibles de se développer.
La dirigeante pointe les ferments d’une crise sociale, présents bien en amont du Covid-19 : « Le sentiment des territoires d’avoir été un peu abandonnés est palpable dans nos entreprises. On le vit au quotidien. Là où nous sommes implantés à Ferrières-en-Gâtinais, nous sommes dans un désert médical et dans une zone blanche (dans mon bureau le téléphone portable ne passe pas). Il faut voir la réalité en face. »
L’échiquier est et restera mondial
Pour Sylvie Bernard Grandjean, l’échiquier économique est bel et bien mondial, et le restera, avec une importance du technologique et du politique dans l’équilibre des échanges.
« Pour y avoir habité plusieurs années, j’observe que la Chine va très vite. Je suis convaincue qu’elle va laisser tomber la production de masse pour beaucoup plus de productions technologiques et elle en est tout à fait capable. Donc nous, Européens et Américains, allons nous retrouver en concurrence de manière beaucoup plus conséquente avec la Chine dans le monde entier. »
« Les politiques nationales vont jouer dans la nature et les volumes d’échange. Il ne faut pas oublier que la Chine est une dictature. Quand le président décidera que telle ou telle industrie devra prospérer elle prospérera, quoi qu’il en coûte. »
L’économie est un tout
A la logique de filières, Sylvie Bernard-Grandjean privilégie l’action sur la dynamique des territoires.
« Ce sont les territoires qui font vivre la France. Moi Redex, je suis à côté d’une entreprise qui fait de l’embouteillage, une autre qui produit des cartons. Si je ne suis pas très loin d’une école pour l’apprentissage, d’un médecin et d’un hôpital pour que chacun puisse se soigner, je suis plus attractive qu’à l’inverse. »
« En Allemagne, l’usine est intégrée au cœur de la ville. Il n’y a pas incompatibilité entre une usine, un centre commercial et des habitations. Si c’est réfléchi et que des urbanistes travaillent sur cette interconnexion des lieux, on est paré. »
« C’est à ce prix que je peux être attractive pour des salariés, en couple, avec des enfants à élever. L’économie est un tout. »n