« Apprendre ensemble à faire les choses différemment et mieux. »
Révélateur de sens, processus de partage des valeurs, tremplin prospectif, pour les PME de croissance, la RSE est plus qu’un levier de développement. Conclusions à date de notre conseil scientifique.
Pour élargir et structurer la compréhension des PME de croissance dirigées par des femmes, Women Equity s’est doté d’un comité scientifique dès 2010. Focus sur l’une de ses contributions-clefs : l’analyse de la RSE des PME de croissance, démarrée dès 2012.
Renaud Redien-Collot, enseignant chercheur à l’Ecole de management Léonard de Vinci (EMLV), après avoir soutenu sa thèse à Columbia University, New York, où il a co-créé l’un des premiers incubateurs dédiés à l’entrepreneuriat féminin au début des années 2000.
Disposer d’études fines
Il est non seulement l’un des rares chercheurs français à s’intéresser depuis près de 20 ans aux femmes chefs d’entreprise pour leur gestion, mais il est probablement le seul à présider un comité scientifique pour le compte d’une plateforme dédiée à leur croissance. Il y rassemble des experts dans les domaines de l’entrepreneuriat, genre et management, issus des meilleures universités françaises et internationales. Ses recherches et enquêtes thématiques éclairent la dynamique des PME de croissance. Elles donnent lieu à des publications universitaires, primées pour certaines, et des livres blancs mis à la disposition du plus grand nombre.
Irriguer l’accompagnement
En matière de responsabilité sociale de l’entreprise, là où il n’y avait pas de travaux de référence dix ans auparavant, la réflexion menée par le conseil scientifique de Women Equity permet désormais de disposer d’études fines sur la manière dont les PME de croissance abordent le sujet. Elle permet aussi d’irriguer la pratique d’accompagnement de Women Equity Partners, par la constitution d’indicateurs pertinents, dont témoigne notamment le trophée de la performance RSE saluant depuis 2013 les démarches remarquables des PME et ETI en cette matière.
La RSE intégrée au développement
En 2012, les interrogations du conseil scientifique s’étaient d’abord portées sur les relations entre la performance économique et les pratiques de responsabilité sociale/sociétale des entreprises. Une première analyse de la communication concernant la pratique de la RSE dans les PME de croissance les plus performantes a été menée par Catherine Léger-Jarniou (professeur émérite et titulaire de la chaire d’entrepreneuriat de Paris-Dauphine).
L’étude portait sur un échantillon de lauréates de quatre palmarès et a fait l’objet d’un constat, surprenant par son ampleur : plus d’une de ces PME sur deux témoigne de démarches RSE intégrées à leur modèle de développement.
Une étude suivie
Ces premiers éléments, corroborés par la mention fréquente de la notion d’engagement lors des entretiens de qualifications aux Palmarès, ont conduit les équipes de Women Equity à scruter plus finement les pratiques RSE de ces PME afin d’en dégager les plus remarquables. Les premiers résultats de 2013 ont permis d’identifier des pistes prometteuses de réflexion qui ont abouti à de nombreuses démarches de terrain en 2014 et ont été renouvelées depuis lors. Renaud Redien-Collot et Catherine Léger-Jarniou ont mené un certain nombre d’entretiens auprès de dirigeantes dont les entreprises s’étaient préalablement classées aux Palmarès Women Equity.
Ceci a fait l’objet de nombreuses présentations au sein de grandes conférences internationales en management (EURAM,EGOS, AOM) et une publication dans la Revue de l’Entrepreneuriat en 2018.
Enrichir les standards de qualité et sécurité
Si l’on observe une grande variété des pratiques, les dirigeantes interrogées révèlent que leur démarche RSE vise prioritairement leurs employés en les engageant à respecter mais également à aller au-delà des normes de sécurité et de qualité. Ces dirigeantes cherchent ainsi à enrichir les standards RSE de leurs secteurs. Ce faisant, elles identifient des enjeux sociaux et sociétaux pertinents qui répondent aux préoccupations de leurs employés et sont susceptibles de les motiver sur le long terme.
Une approche essentiellement pragmatique
Elles développent une approche pragmatique de la RSE qui fait fond de l’acquis et adoptent une perspective expérimentale et interactive lorsqu’il s’agit d’intégrer de nouvelles pratiques. Elles se montrent patientes dans l’articulation stratégique qu’elles donnent aux différentes composantes RSE de leur entreprise. Ainsi, la valorisation des actions menées ne s’inscrit pas ou peu dans une démarche systématique de communication intégrée à la stratégie globale de l’entreprise.
Une formalisation prudente
Cette formalisation prudente s’explique pour plusieurs raisons. D’une part, ces dirigeantes mettent l’accent sur l’efficience de l’approche RSE au détriment du discours, en privilégiant avant tout les actions concrètes. D’autre part, elles jugent nécessaire d’adopter un discours prudent lorsque les pratiques ne sont pas assez matures, ou qu’elles doivent au préalable être assimilées en interne.
Un levier de développement clairement identifié
Le comité scientifique déduit de ces travaux que la RSE est unanimement perçue comme un levier de développement et de croissance par les dirigeantes.
La communication RSE est mobilisée comme étant vectrice de sens et contribue à la stratégie globale autant en interne qu’en externe, dans une optique pragmatique de valorisation progressive auprès des employés et parties prenantes. Une dirigeante souligne le caractère dynamique de la RSE : « Mettre en pratique la RSE c’est une manière d’appartenir à un mouvement plus large. » De même, une autre dirigeante apprécie le caractère révélateur de la RSE en matière stratégique : « Il est facile d’adopter une vision en tunnel de nos métiers. La RSE contribue à la croissance de nos activités par la compréhension plus large de l’entreprise qu’elle permet, améliorant la perception des risques comme des opportunités. »
Une approche authentique
La RSE fonde le leadership du dirigeant, conduisant à de nouvelles propositions de gestion, arrimées au développement de valeurs partagées. Les changements internes sont plus explicitement liés à des changements externes à l’entreprise, permettant d’adapter, voire de transformer le modèle économique en appui sur le corps social de l’entreprise. Cela explique l’authenticité d’une approche RSE fondée sur une approche réflexive très poussée, qui s’exprime à la fois dans les déclarations des dirigeantes et dans leurs échanges avec les employés.
Le pouvoir révélateur de la RSE
Les dirigeantes se montrent très habiles dans leur capacité à préserver le pouvoir révélateur de la RSE dans leurs entreprises. Elles voient la RSE comme un fabuleux tremplin prospectif de développement de leurs modèles d’affaires. Dans leurs mots : « Nous ne voulons pas perdre le momentum et l’enthousiasme que nous éprouvons quand nous apprenons ensemble à faire les choses différemment et mieux. Nous voulons maintenir vivant ce sentiment de découverte, associé aux pratiques RSE que nous mettons en œuvre. »