« Les bienfaits d’une décision se récoltent aussi à long terme. »
Charte de bonne conduite en milieu agricole signée, approvisionnements sécurisés, activité industrielle maintenue, le groupe Mul reste concentré sur sa stratégie et son développement.
Dans son industrie, la matière première n’attend pas. Quand fleurit sur les terres grassoises la Rose de mai, la centifolia dont le groupe Mul est fournisseur exclusif pour la maison Chanel, il faut impérativement la cueillir, sous peine de perdre la récolte.
Durant cette crise de Covid-19, producteur d’extraits aromatiques à partir de matières premières végétales, le groupe Mul (90 salariés, 30 M€ de CA) a été considéré par les autorités comme un maillon essentiel de la chaîne industrielle de l’agroalimentaire et des produits d’hygiènes.
Son profil à la fois d’agriculteur et d’industriel lui a permis de poursuivre son activité.
Sécuriser les projets
« Pouvoir rester ouverts a été une chance économique qu’on se devait de transformer positivement », estime Cécile Mul, la présidente de ce groupe familial. Et c’est ce qui a été fait : le groupe Mul a assuré la récolte de ses matières premières, sécurisé les approvisionnements, provenant de ses propres terres comme des filières durables qu’il a mis en place.
Prenant la crise comme un challenge en termes de management, le groupe n’a mis aucun salarié au chômage partiel, a recruté ses saisonniers et a même intégré deux nouveaux salariés sur des postes liés au développement de l’entreprise, l’un dans l’équipe commerciale, l’autre dédié aux nouvelles filières. Objectif de la dirigeante : ne prendre aucun retard sur les projets de l’entreprise.
Maintenir son positionnement, garder le cap défini dans la stratégie de l’entreprise, continuer à la dérouler pendant la crise, et persister à se projeter vers l’avenir ont été les piliers de son action durant ces deux derniers mois et demi. Et Cécile Mul en tire déjà des conséquences positives :
« En interne, la crise a vérifié que nous sommes une entreprise soudée, animée autour d’un projet commun. Elle a renforcé la confiance et l’implication des personnes. Mes salariés ont démontré leur motivation à tenir nos engagements, et ça, c’est une belle reconnaissance. »
Une charte de bonne conduite
Au niveau des saisonniers, la politique de recrutement local ancrée dans la culture d’entreprise a permis de ne pas souffrir de la fermeture des frontières. La charte de bonne conduite, signée par les équipes, les fournisseurs et partenaires, la réorganisation de l’activité ont permis de préserver la santé des salariés et de l’entreprise.
« La sécurité et l’hygiène sont des sujets d’attention permanente dans notre métier, nous avions déjà des équipements de protection et des procédures très poussées, précise la dirigeante. Cette crise nous a permis de compléter nos bonnes pratiques, de renforcer l’existant. Elle nous a obligé à sécuriser encore plus certains risques. »
Et de poursuivre : « Post-Covid, les améliorations que nous avons pu trouver intégreront d’ailleurs notre process. Je pense qu’on gardera un certain niveau de télétravail, on y a moins de réticence. On aura aussi pu tester une autre forme d’interaction avec nos filières, beaucoup de nos visites terrain se sont faites par visio-conférence et nous ont prouvé qu’on pouvait en partie travailler à distance. Nous qui sommes attachés au durable, cela nous donne à réfléchir sur notre stratégie de déplacement. »
Positionnement stratégique maintenu
En externe aussi le maintien de l’activité, le respect des engagements vis-à-vis des clients et fournisseurs ont eu un impact positif.
« Tenir notre positionnement stratégique rassure nos clients, affirme Cécile Mul. Et nous avons, une nouvelle fois, prouvé à nos fournisseurs que nous sommes non seulement présents à chaque instant, mais fiables et stables. Nous sommes dans une industrie de long terme. Maintenir les investissements stratégiques aujourd’hui impactera notre développement de demain. Nous n’avons aucune intention de prendre du retard. »
Et la dirigeante, représentant la 5e génération, de conclure : « Les bienfaits d’une décision se récoltent aussi à long terme. Dans notre créneau des extraits naturels, la qualité de production n’est plus une tendance mais une chose bien ancrée. La crise a mis en lumière la force des circuits courts, a encore amélioré l’attention du consommateur en matière d’origine et de traçabilité du produit. »